Je suis né au coeur des montagnes d’Afghanistan dans la province de Samagân. Avec mes quatre soeurs et mes deux frères, on a une enfance heureuse. Je vais à l’école, avec les copains on fait du vélo, on joue au foot et on rigole bien ! Je ne savais pas à quel point les choses allaient se gâter ni le chemin que j’allais devoir parcourir… Je m’appelle Saïd et j’ai 24 ans. A la maison, maman s’occupe des enfants et papa est chef militaire pour le gouvernement et il a fort à faire depuis que les talibans cherchent à prendre le pays. La vie est plutôt douce pour nous et pourtant, il y a un jour où les choses ont mal tourné…
Un matin, un groupe de Talibans arrive chez moi. Ils veulent parler à mon père qui n’est pas à la maison. Ils commencent à me battre pour que je leur donne son numéro de téléphone.
Terrorisé, je finis par céder et je comprends en écoutant la conversation que je vais servir d’otage contre la libération de 4 prisonniers talibans que mon père a arrêté. J’entends que je vais peut-être mourir… On me pose une arme sur le visage, on me bande les yeux, on me frappe et je suis jeté dans une voiture. Et puis on roule. Longtemps… Je viens d’avoir 12 ans et je suis prisonnier. Je suis une monnaie d’échange. Je ne sais pas combien de jour je reste enfermé, mais sans rentrer dans les détails il n’y en a pas un seul où je ne suis pas maltraité. Je suis terrorisé. Mon père me cherche pendant 5 jours prêt à en découdre avec mes ravisseurs et, sans succès, il finit par libérer les quatre prisonniers… Je suis enfin à la maison, tout le monde s’occupe de moi, et moi, je n'arrive plus à sortir un seul son de ma bouche… Mes parents savent que les conflits dans le pays ne sont pas près de s’apaiser. Je suis sous le choc. Je suis fragile alors ils décident qu’il faut que je parte pour échapper à tout ça. C’est là que commence un long voyage d’un an avec ma cousine Saidhillal qui va jouer le Rôle de mère tout ce temps. On part avec un peu d’argent, on contacte des réseaux de passeurs et on fuit, loin de la menace de la guerre. Il n’y a qu’un seul objectif ; trouver une terre d’accueil. On s’est arrêté à Téhéran en Iran mais je n’allais pas bien et il n’y avait pas de place pour nous. On a rejoint Istanbul après 2 jours de marche et 2 jours de voiture. Saidhillal a trouvé un petit travail. Moi je visitais Istanbul et j’avais ma mère tous les jours au téléphone. Je commençais à aller mieux mais je m’ennuyais et je voulais retourner à l’école. On a passé 4 mois en Turquie mais nos demandes de papier ont été refusées.
On a réfléchi avec mes parents et ma cousine et nous avons décidé de rejoindre l’Europe où nous aurions peut-être plus de chance. On est monté à 60 personnes sur un Zodiac pour rejoindre la Grèce qui a refusé notre demande et on a cherché l’asile auprès de 5 autres états ; La Serbie, la Croatie, la Hongrie, l’Autriche, l’Allemagne mais impossible d’être accueilli de manière officielle dans aucun de ces pays. J’étais épuisé, et j’avais perdu espoir. On a fini par atterrir en Suède. Les autorités suédoises ont pris en compte mon statut de mineur (j’avais 13 ans) et accepté de m’accueillir. Par contre, ils ont refusé l’asile à ma cousine. Il fallait que je me pose, que je retrouve un équilibre et que je me « répare » alors je suis resté sous la protection de l’état suédois et Saidhillal à pris le bateau vers la Norvège…
…à suivre.